Embellissement chirurgical du visage
Avant propos : la chirurgie d’embellissement du visage : changer de tête ? Oui, mais …
La chirurgie d’embellissement du visage s’adresse tant aux femmes qu’aux hommes qui veulent améliorer leur apparence. Les techniques chirurgicales les plus avancées permettent aujourd’hui le plus souvent, de rendre belle une femme laide et beau un homme laid.
Cependant faut-il le faire ? Et avec quel programme opératoire ? C’est la question que doivent se poser le ou la patiente et le chirurgien avant chaque opération.
Tout d’abord, il paraît indispensable de rappeler que l’intervention entreprise pour plaire à quelqu’un en particulier est une très mauvaise idée. En effet, en cas d’aléas, le ou la patient(e) devra endurer seul(e) les complications. Le conjoint qui exige une amélioration esthétique sera-t-il là si la chirurgie s’avère un échec ? Certainement pas, il est dans le superficiel et ne supportera pas les difficultés. Il est plus que probable qu’il ou elle se cherchera une épouse ou un époux plus représentatif.
Deuxièmement, il faut comprendre que même si le visage « refait » est mille fois plus beau que le précédent, le ou la patiente peut ne pas s’y habituer. L’expérience montre que plus la chirurgie est entreprise tard dans la vie, plus les difficultés d’adaptation du patient à son nouveau « moi » risquent d’être importantes.
Paul Tessier l’inventeur de la chirurgie cranio faciale et des liftings sous-périostés, reçut un jour la visite d’une américaine d’un certain âge, très riche, et très laide, lui demandant de la rajeunir mais aussi de la rendre belle. Ce qu’il réalisa avec brio. Mais la patiente en devenant belle, était aussi devenue méconnaissable, ce qu’elle n’a pas supporté. Comme elle lui en voulait beaucoup, mais qu’il n’y avait rien à dire sur la réalisation du programme, elle fit imprimer des photos d’elle avant/après en grand format qu’elle envoya aux collègues du Dr Tessier pour se plaindre de lui. – Ceci se déroule au temps des tirages argentiques bien sûr. Le résultat ne fut pas vraiment celui attendu, car les récipiendaires hautement impressionnés par le résultat obtenu portèrent le Dr Tessier encore plus haut dans leur estime. On peut dire que si le contrat chirurgical était parfaitement rempli, la patiente était très certainement trop âgée pour être en mesure de supporter psychologiquement et socialement un tel changement.
Enfin, les proches peuvent avoir beaucoup de mal à s’accoutumer à la beauté nouvellement acquise du patient, surtout s’ils n’ont pas été prévenus avant. Le point de vue de l’entourage est généralement exprimé par des phrases banales, mais qui font mal, du type : « Tu étais bien mieux avant », « On ne te reconnais plus », « Cela se voit que tu es toute refaite » …
Ce refus de l’entourage peut atteindre le paroxysme comme dans « Le miroir à deux faces » d’André Cayatte sorti en 1958. Devant son épouse devenue trop belle (Michèle Morgan) et qu’il ne considère plus comme la sienne, le mari (André Bourvil) amer et haineux, tue le chirurgien, au moment où sa femme décide de refaire sa vie avec un autre.
Si la motivation du patient (ou de la patiente) est réelle et que l’on désire entreprendre un « grand jeu », il faudra se demander :
1. Si la demande est réalisable techniquement pour le chirurgien et médicalement au vu de l’état de santé du patient
2. Si le positionnement psychologie du patient, ou de la patiente, lui permet de « devenir ce qu’il a rêvé d’être », et de le faire admettre à son entourage, ou si il/elle va décompenser ?
3. Si la modification envisagée restera acceptable/souhaitable à plus ou moins long terme ?
En effet, il ne faut pas se laisse influencer par les tendances, parce que les tendances passent mais les apparences modifiés restent. Il y a eu la mode des nez en trompette, des lèvres siliconées et des fortes poitrines. Aujourd’hui, il y a la mode des grosses fesses.
Le dernier top modèle impose non seulement la mode vestimentaire mais aussi la mode corporelle. Une fois la tendance passée, le modèle sera changé, mais les patients ayant suivi la tendance seront vieillis par un physique « out » et dans certains cas aussi desservis par une modification incohérente.
En fait, toutes les modifications esthétiques sont justifiées et restent indiquées, lorsque le patient veut modifier son « paraître » pour le faire correspondre à son « moi » ou son « éthique de vie ». Mais si les patients ou les chirurgiens sont dans le délire, on obtient des opérés caricatures d’eux- mêmes.
En conclusion, le ou la patiente devra gérer l’apparente contradiction entre l’obligation sociale de dissimuler sa démarche chirurgicale alors qu’il lui est indispensable d’exposer son résultat – Sinon, pourquoi se faire embellir ?