Le concept du Face Recurve®
Qu’est ce que le Face Recurve®
Le Face Recurve® est un concept développé et publié récemment par l’équipe Le Louarn /Buthiau/Buis qui offre une nouvelle compréhension des mécanismes du vieillissement structurel du visage. Cette nouvelle conception a permis d’élaborer des traitements plus adaptés grâce notamment à de nouvelles techniques médicales et chirurgicales, permettant à leur tour de mettre au point une stratégie globale (préventive et curative) de lutte contre le vieillissement structurel.
Le vieillissement structurel
Tout d’abord, il est important de différencier le vieillissement cutané, du vieillissement structurel. En effet, ces deux composantes du vieillissement global du visage, n’obéissent pas aux mêmes logiques et ne relèvent donc pas des mêmes traitements :
Le Vieillissement Cutané intéresse l’altération avec le temps du revêtement, c’est-à-dire : la peau. Il se traduit par la perte d’élasticité (l’aspect froissé et affiné), les dyschromies (tâches pigmentaires), la couperose, la dilatation des pores… L’utilisation de la toxine botulique en esthétique a mis en évidence depuis 15 ans, le rôle des muscles de la mimique dans le vieillissement cutané du visage. En diminuant la contraction maximale des muscles et donc au prix d’une légère diminution de l’amplitude de l’expression, on peut prévenir l’apparition de certaines rides et ridules (par exemple une patte d’oie ou une ride du lion débutante mais pas le sillon nasogénien). D’autres ridules et froissement d’origine solaire sont mieux traités par une technique abrasive (laser, peeling, dermabrasion).
Le Vieillissement Structurel concerne les structures profondes : os-graisse-muscle. Il se manifeste par le creusement de sillons paramédians (placés symétriquement de chaque côté du visage) : creux des cernes, sillons nasogéniens, plis d’amertume, cordes cervicales et la survenue de volumes excédentaires (poches sous les yeux, bajoues…) et plus tard l’affaissement du visage. Les traitements proposés jusqu’ici étaient le remplissage des creux et des sillons (par des produits de comblement ou de la graisse) et/ou la remise en tension de la peau par le lifting. Inconvénient de ces deux propositions : dans le cas de recherche d’effet maximum on risquait un effet soufflé avec le comblement (trop de remplissage) ou un aspect tiré (trop de traction pour le lifting).
L’obstacle venait de ce que la gravité était unanimement considérée comme la cause première du vieillissement structurel. Les publications scientifiques incriminaient de manière unanime la gravité comme responsable de la ptose du visage tandis que quelques points fixes entravaient la chute régulière des tissus. Cette combinaison gravité/points fixes aurait entraîné la création de sillons et d’amas graisseux sus-jacents. Dans cette optique une solution chirurgicale se justifiait : tirer vers le haut, c’est-à-dire lifter (remonter en anglais).
Néanmoins plusieurs indices semblaient indiquer que cette théorie (gravité + points fixes => vieillissement structurel ) n’était peut-être pas valide.
Tout d’abord les résultats obtenus par la chirurgie de lifting traditionnel semblaient souvent permettre des améliorations esthétiques au prix d’une certaine transformation du visage.
Ne permettant pas vraiment de revenir à l’aspect structurel du sujet jeune, la chirurgie pouvait aboutir (surtout en cas d’actes répétés) à des visages lisses mais à l’aspect « tirés » , donc malheureusement très peu discrets : pommettes trop remontées vers les tempes, creux dans les joues formant une ombre allant de la bouche vers l’oreille avec persistance du sillon nasogénien, cou lissé mais restant marqué par les cordes cervicales … Si vraiment le vieillissement structurel était dû à la gravité, la remontée des tissus ne devrait pas transformer, mais restaurer l’aspect jeune.
D’autre part certains effets du vieillissement structurel semblaient très difficiles à traiter avec la chirurgie traditionnelle.
Le traitement chirurgical de certains stigmates du vieillissement structurel nécessitait dans certains cas, des tractions très fortes (voire quelquefois risquées) et aboutissait donc à des corrections incomplètes voire insuffisantes (par exemple le sillon nasogénien) ou à des risques d’élargissement cicatriciel secondaire, voire, en cas de traction vraiment trop importante, de nécrose. Tandis que dans d’autres localisations, les résultats de la chirurgie pouvaient s’avérer instables dans le temps (par exemple le pli d’amertume et la bajoue) ou insuffisants (ex : cordes cervicales peu traitées alors que le reste du visage a été lissé). On peut aussi remarquer en ce qui concerne la chirurgie de paupière traditionnelle, le problème éventuel d’une certaine squelettisation du regard, avec la persistance d’un creux de cernes malgré le traitement de l’excès de peau.
Par ailleurs l’analyse du vieillissement structurel sur des clichés fournis par des patientes disposant de photos d’elles-mêmes jeunes puis âgées ne « colle » pas avec la théorie « gravité / points fixes ».
En effet on constate en comparant les clichés :
1 – Sur le haut du visage
Les sourcils se sont dans certains cas abaissés avec le temps, mais dans certains autre cas, ils sont remontés plus hauts sur le front, alors que logiquement sous l’effet de la gravité ils devraient toujours descendre. L’aspect obtenu par un vieillissement dû à la gravité devrait pourtant être des sourcils plus bas dans tous les cas.
On constate un creusement dans le coin interne supérieur des yeux (sous les sourcils) : c’est le cerne de la paupière supérieure. Ce creusement peut donner un aspect « squelettisé » au regard. En interne la paupière supérieure se creuse visiblement vers le haut alors qu’on devrait logiquement, selon la théorie de la gravité, voir apparaître un bombement cutané en interne, comme on le constate en externe.
Les rides situées sur le contour orbitaire supérieur sont verticales (elles barrent les sourcils traduisant le froncement) alors qu’on devrait avoir des rides horizontales (traduisant une chute des tissus).
La paupière inférieure apparaît remontée avec le temps. Elle couvre davantage la partie basse de l’iris, ce qui a pour effet de rapetisser les yeux avec l’âge, alors que la paupière inférieure soumise à la gravité, devrait, en toute logique, descendre et ouvrir le regard vers le bas.
à 20 ans et 60 ans
fig3; Exemple de vieillissement du haut du visage avec remontée des sourcils,
creusement interne supérieur et rétrécissement des yeux..
2 – Sur la bouche
La lèvre inférieure est, dans la plupart des cas, amincie avec le temps et notamment la partie centrale est remontée vers l’intérieur de la bouche. Cependant le résultat d’un vieillissement dû à la gravité devrait pourtant être une lèvre inférieure éversée et descendue au centre.
fig4; Exemple de vieillissement de la bouche.
On note la remontée de la lèvre inférieure due au pincement des lèvres.
3 – Sur les joues
Les plis des joues sont verticaux et l’excès cutané est situé entre les plis. La gravité, associée aux points fixes décrits par les anatomistes, devrait pourtant entraîner des plis jugaux horizontaux, avec des drapés partants de ces points fixes.
fig5a; Exemple de vieillissement des joues avec apparitions de rides verticales et de volume entre celles-ci.
fig5b : Ce que l’on devrait constater sur les joues, selon la théorie
de la gravité et des point fixes, ne correspond pas à ce qu’on observe.
4 – Sur les bajoues
Il apparaît le plus souvent avec le temps une concavité entre le menton et la bajoue avec une perte de volume à cet endroit. L’aspect obtenu par un vieillissement dû à la gravité devrait pourtant montrer le même volume devant et derrière le point fixe, avec des plis arciformes de drapé en rapport avec ce point fixe. Il n’y a aucune raison d’avoir sur toute la hauteur du pli d’amertume une perte de volume.
fig6; Sur le clone âgé, à gauche (en jaune), un exemple de vieillissement des bajoues, à droite (en orange) ce qu’on devrait théoriquement obtenir selon la théorie gravité/point fixes.
5 – Sur le cou
Les cordes cervicales droite et gauche deviennent saillantes avec le temps et un creux les sépare. L’aspect obtenu avec la gravité devrait pourtant être une peau cervicale détendue, au maximum au centre et pas sur les côtés car il n’existe pas de point fixe répertorié au niveau de la partie médiane du cou.
fig7; L’apparition sur le cou avec le temps d’un sillon central vertical bordé des
deux cordes cervicales, n’est pas cohérent avec la théorie de la gravité et des points fixes.
Enfin, l’analyse de la mimique chez des sujets jeunes montre que des personnes très jeunes peuvent mimer le vieillissement structurel du visage région par région en se contractant.
Par exemple en faisant la moue on peut faire apparaître des plis d’amertume et des bajoues identiques à ceux d’une personne âgée au repos. En exprimant le mépris ou le dégoût, la remontée des ailes du nez augmente le sillon nasogénien comme l’âge. En contractant l’avant de son cou, le sujet jeune fait apparaître des cordes verticales visibles au repos chez une personne âgée. Or comment pourrait-on mimer sur son visage la gravité ? Si le sujet jeune arrive à mimer le vieillissement structurel en utilisant ses muscles, il devient probable que ceux-ci soient impliqués dans ce vieillissement.
l’ovale à 20 ans repos | l’ovale à 60 ans repos | l’ovale à 20 ans contraction |
fig8a: un sujet jeune peut “mimer” le vieillissement structurel que présente un sujet âgé au repos.
fig8b: un sujet jeune peut “mimer” le vieillissement structurel que présente un sujet âgé au repos.
Comment est né le Face Recurve®
Le Docteur Le Louarn s’intéressait depuis longtemps au vieillissement du regard et plus particulièrement au creux des cernes. Il lui était difficile d’imaginer la gravité responsable de l’apparition puis de l’aggravation des cernes avec le temps car le creusement hémicirculaire du cerne se fait de plus en plus profond vers l’os avec le temps alors que les tissus devraient logiquement descendrent verticalement (vers la bouche). Surtout qu’anatomiquement, on ne trouvait pas de point fixe dans la région.
Comme le faisait remarquer un officier à un jeune sergent qui tentait vainement de comprendre pourquoi une colline pourtant clairement indiquée sur sa carte d’état major était manquante : « si la réalité ne colle avec la carte, c’est que la carte est fausse ». Dans le cas du vieillissement structurel, la remise en question de la théorie communément admise, semblait particulièrement justifiée.
Or, en anatomie dynamique, ses travaux sur le vieillissement du regard, avaient amené le Dr Le Louarn à constater que la contraction d’un segment bien particulier du muscle orbiculaire malaire et plus précisément son segment supérieur pouvait être responsable du creusement des cernes. Il avait constaté que chaque fois que ce segment musculaire se contractait, dans le réflexe du clignement forcé, il s’appuyait sur le rebord osseux orbitaire. Il était possible que la répétition des millions de fois de la contraction de ce segment entraîne avec le temps une chasse de la graisse située entre le muscle et l’os vers le haut créant les poches et vers le bas créant la poche malaire et fasse ainsi apparaître le creux du cerne au repos (comme le marteau et l’enclume).
Au repos / en contraction
fig9: L’oeil en contraction s’appuie sur le rebord osseux orbitaire.
Plus généralement sur l’ensemble du visage, les chirurgiens et les anatomistes avaient depuis longtemps pu constater une différence structurelle entre un sujet jeune et un sujet âgé. Chez le sujet jeune, la graisse profonde du visage est disposée sous les muscles en amas importants et localisés tandis que la graisse superficielle située entre la peau et le muscle, constitue une fine couche régulière sous la peau.
fig10
Chez le sujet âgé, la graisse profonde est devenue moins importante tandis que la graisse superficielle est plus importante et plus irrégulière. On pouvait donc imaginer que la répétition, des millions de fois des contractions musculaire lors des mimiques du visage entraîne une chasse graisseuse et aboutisse avec le temps à un approfondissement des creux et des sillons au repos avec des volumes excédentaires en rapport.
Par ailleurs, l’utilisation de la toxine botulique en esthétique avait conduit le Dr Le Louarn à penser que les muscles de la mimique devaient se raccourcir avec le temps, (contrairement à une idée reçue qui voulait qu’ils s’allongent et se détendent comme la peau sous l’effet de la gravité). Concrètement, par exemple, si en injectant de la toxine botulique dans la patte d’oie il était possible de la lisser en détendant et décontractant le muscle par l’action de la toxine, c’est que le vieillissement rétracte ce muscle.
L’oeil vers 35/40 ans au repos / Au même âge, effet obtenu par une injection de toxine botulique qui décontracte le muscle et donc lisse la patte d’oie et remonte la queue du sourcil
fig11
Dès lors, pour que la contraction musculaire diminue la graisse sous-jacente à l’endroit des sillons et augmente la graisse superficielle créant les volumes, le muscle jeune devait avoir une forme convexe et allongée au repos et une forme rectiligne et raccourcie en contraction. Avec l’âge, le muscle devait se raccourcir et perdre sa convexité (rester rétracté). C’était le seul moyen logique, d’expliquer la chasse graisseuse lors de la contraction.
Si cette théorie était valide, elle devait pouvoir être vérifiée :
– Une étude radiologique devait montrer un raccourcissement et une perte de convexité du muscle avec l’âge (ou à la contraction).
– De plus la théorie devait aussi s’avérer compatible lors de dissection anatomique.
– Enfin et surtout, elle devait être cliniquement applicable au traitement du vieillissement structurel et donc permettre la mise au point de nouvelles possibilités techniques pour améliorer l’efficacité des traitements.
Le Docteur Didier Buthiau, spécialiste en imagerie médicale, a recherché pour l’étude IRM, les séquences et les constantes permettant de mettre en évidence les courbures musculaires. Ce fut une grande satisfaction de vérifier que cette théorie était exacte. Le Docteur Buthiau a ensuite réalisé une série de clichés seul et a demandé au chirurgien de dire à partir du cliché si le sujet était jeune ou âgé en fonction des courbures musculaire et de la répartition des graisses profondes et superficielles. Et l’exercice s‘est avéré probant ! Le muscle au repos, chez le sujet jeune, est convexe avec de la graisse profonde sous-jacente. Avec le temps, il devient de plus en plus droit et court tandis que la graisse profonde s’amenuise et que la graisse superficielle augmente.
fig12 : Didier Buthiau, Institut de Radiologie de Paris
Le grand mécanisme du vieillissement structurel du visage pouvait dès lors s’affiner. Le modèle « muscle devenant rectiligne et chasse graisseuse », constitue le fondement théorique du Face Recurve®.
Le concept du Face Recurve®
Les muscles de la mimique ont comme particularité d’aller de l’os (en profondeur) à la peau. Chez le sujet jeune, ils sont courbes au repos. Ils sont convexes grâce au volume graisseux profond, sous-jacent. Ils deviennent rectilignes et chassent transitoirement la graisse lors de leur contraction. A la décontraction le muscle se détend à nouveau complètement tandis que la graisse revient à son emplacement d’origine.
fig13-14 ; A la mimique rétraction du muscle (raccourcissement
et perte de convexité) et chasse graisseuse induite
Le rôle de cette convexité chez le sujet jeune est double. Tout d’abord, l’insertion cutanée du muscle est plus antérieure, plus projetée. Et aussi, le muscle étant courbe, il est plus long et son amplitude de rétraction est plus grande. La mimique est donc plus projetée, plus ample et plus expressive chez le sujet jeune. Il faut donc pour rajeunir essayer de préserver au maximum l’amplitude et non pas figer bien que la diminution de la contraction soit par ailleurs nécessaire pour traiter les rides d’expression (d’ailleurs intuitivement lorsqu’on dit à une personne qu’elle à « l’air tendu », ce n’est pas un compliment et c’est opposé à l’aspect reposé).
Avec le temps, et la répétition des contractions, chez le sujet âgé, le muscle n’arrive plus se à détendre complètement au repos (en langage médical : le tonus de repos augmente), le muscle est plus court, plus rectiligne et donc la différence entre contracté et décontracté diminue en amplitude et en visibilité. En conséquence, le visage du sujet âgé est plus marqué et plus contracté.
fig15
Si l’ensemble du muscle était impliqué de manière homogène dans la chasse graisseuse, le visage âgé devrait présenter de larges creux correspondant aux surfaces des muscles de la mimique, alors qu’il se marque en créant des sillons précis et des volumes en rapport. Par exemple au niveau des paupières inférieures nous n’avons pas un creusement allant des cils jusqu’au milieu de la pommette à cause du muscle Orbicularis Oculi qui dessine un large cercle autour de l’œil, mais uniquement un creusement précis le cerne, tandis que les poches sous les yeux et les poches malaires augmentent.
fig16: vieillissement du regard
fig16a : muscles au repos, muscles contractés
fig16b : illustrations de la chasse graisseuse (repos/contraction)
En fait certains faisceaux sont plus particulièrement impliqués dans la chasse graisseuse entraînant le vieillissement structurel. L’étude anatomique a montré qu’ils sont en général situés au plus profond du sillon qu’ils ont eux-mêmes creusés. Leur rôle fonctionnel s’est, par ailleurs, avéré très limité : ces faisceaux ont été appelés les faisceaux marqueurs du vieillissement (ou AMF – Age Marker Fascicles en anglais).
fig17
Les AMF sont les premiers responsables du vieillissement structurel paramédian du visage. Ils sont directement impliqués dans l’apparition des poches sous les yeux, du creux des cernes, des sillons nasogéniens, des plis d’amertume, des bajoues et des cordes cervicales. Ils altèrent avec le temps structurellement le visage de manière à indiquer son statut biologique (sans doute pour la préservation de l’espèce).
Anatomiquement, les Faisceaux Marqueurs du Vieillissement connaissent un phénomène de raccourcissement identique mais très amplifié par rapport au reste du muscle avec deux conséquences :
– Les faisceaux musculaires marqueurs devenant plus courts et plus droits, la graisse est chassée de dessous la concavité de ces faisceaux pour être transposée latéralement. Les volumes graisseux transposés augmentent les poches sous les yeux, les volumes sous les cernes, les volumes au-dessus des sillons nasogéniens, les bajoues, le double menton.
– Le raccourcissement de ces faisceaux musculaires marqueurs, insérés dans les plis de la peau, crée de la peau et du volume excédentaires, par rapport à la longueur initiale du faisceau. Les plis paramédians apparaissent : pli inter-sourcilier, creux de cernes, sillon nasogénien, pli d’amertume, et cordes cervicales.
Et malheureusement ces deux phénomènes (chasse graisseuse et raccourcissement des faisceaux) sont d’autant plus efficaces pour traduire le vieillissement du visage que les reliefs induits (volume graisseux et sillons) augmentent réciproquement leur visibilité. Par exemple sur l’ovale, le muscle raccourci crée le creux du pli d’amertume, tandis que le volume graisseux profond déplacé vers la surface et vers l’arrière crée la bajoue. Chacun mettant parfaitement l’autre en valeur…
La gravité n’intervient en fait que très secondairement sur les tissus cutanés et graisseux, déjà endommagés par les actions musculaires des faisceaux marqueurs, pour créer l’affaissement. La pomme ne tombe pas de l’arbre à cause de la gravité, mais parce qu’elle est mûre, la gravité restant responsable de la verticalité de la chute.
Bonne nouvelle, l’étude clinique et anatomique, des faisceaux marqueurs du vieillissement a montré qu’ils n’étaient en fait nullement indispensables au patient, leur rôle fonctionnel étant faible ou nul. Il est donc possible, sans préjudice, d’entraver leur action délétère ou d’en corriger les conséquences tout en préservant l’expression naturelle.
Les Docteurs Le Louarn et Buis (chirurgiens plasticiens) ont effectué un important travail de bibliographie et de dissection pour déterminer les endroits les plus adaptés à l’affaiblissement et/ou à la section dans ces zones peu étudiées. Et bien sûr la clinique leur a permis de développer des techniques chirurgicales et médicales spécifiques. Ainsi le Face Recurve® a amené non seulement un véritable bouleversement dans la conception du mécanisme du vieillissement structurel du visage mais a entraîné de profondes modifications dans la stratégie thérapeutique anti vieillissement structurel tant chirurgicale que médicale.
Le Face Recurve® : des techniques médicales et chirurgicales adaptées aux mécanismes du vieillissement structure
Le Face Recurve® ayant permis une nouvelle compréhension du vieillissement, un ensemble de techniques médicales et chirurgicales visant à lutter de manière adaptée contre l’action délétère des faisceaux marqueurs du vieillissement étaient mises au point. L’objectif de ces techniques est de préserver ou de restaurer la structure anatomique au plus près possible de celle d’un sujet jeune.
Elles y parviennent par deux moyens :
– en entravant l’action des faisceaux marqueurs (affaiblissement par la toxine botulique ou par section chirurgicale),
– en camouflant (par les fillers) ou en corrigeant la chasse graisseuse (par des remises en place chirurgicales).
Les explications qui suivent visent à permettre une bonne compréhension du concept et de son articulation. Vous trouverez les explications pratiques sur le déroulement des actes médicaux et chirurgicaux mentionnés (indications, alternatives thérapeutiques, risques, suites …) dans les fiches auxquelles ils se rapportent : «Produits de comblement», «Toxine Botulique», «Paupières/Blépharoplastie » et « Lift – Face Recurve® Lift »…
Les techniques médicales
La toxine botulique
En préventif, la toxine botulique peut être utilisée pour prévenir le raccourcissement des faisceaux musculaires marqueurs. On injecte alors seulement pour diminuer le tonus de repos sans diminuer la force de contraction maximale. Cette injection n’a pas beaucoup d’incidence sur l’aspect du visage (le résultat se voit peu au repos et pas en contraction), elle n’est donc vraiment préconisée que pour les personnes dont l’apparence physique est professionnellement très importante et qui sont motivées par la prévention.
Un peu plus avant dans le vieillissement, la toxine botulique est toujours utilisée pour agir sur le tonus de repos, mais aussi à d’autres endroits elle est utilisée plus classiquement pour limiter la force de contraction et donc pour agir sur les rides d’expression : par exemple la patte d’oie. Ce traitement se voit au repos et en contraction.
Après une chirurgie effectuée selon le principe du Face Recurve®, la toxine botulique sera utilisée pour bloquer la régénération musculaire après section afin d’éviter le vieillissement structurel secondaire. Elle pourra aussi être utilisée plus classiquement pour optimiser le résultat chirurgical en traitant des zones non opérées (par exemple traitement du pli d’amertume si on a fait une chirurgie type lift malaire concentrique) ou pour obtenir des résultats (injection dans les ridules au dessus de la bouche zone non traité chirurgicalement par le Face Recurve).
Les fillers
Si le poids du sujet est resté normal avec l’âge, au début du vieillissement, on associera avec succès aux injections de toxine botulique (utilisées pour limiter le tonus de repos et la force de contraction), le remplissage modéré des zones creusées par la chasse des graisses. Ce remplissage sous-musculaire permettra de regalber les faisceaux marqueurs au moyen d’injections profondes de produits de comblement.
fig18c
fig18
Par contre chez les sujets âgés, il faut éviter à tout prix le piège de vouloir absorber l’excès de peau en remplissant beaucoup car on risque alors d’obtenir un aspect soufflé.
Les techniques chirurgicales
Le Face Recurve® chirurgical localisé DAO, LAN, Platysma, Corrugator
fig19
Dans le traitement du vieillissement structurel, le Face Recurve® offre une nouvelle étape entre la médecine esthétique et le lifting. Le Face Recurve® est proposé pour traiter localement le vieillissement structurel de la zone médiane (cernes, sillons nasogéniens, bajoues, plis d’amertume, cordes cervicales), lorsqu’il n’y a pas encore d’excès de peau vraiment installé : le visage est marqué, mais la peau reste tonique. Le Face Recurve® est aussi proposé en complément d’une chirurgie de lifting antérieure dont le résultat sur le vieillissement paramédian s’avère insuffisant.
Par une incision limitée, le chirurgien sectionne un ou plusieurs faisceaux marqueurs et restitue dans sa place originelle la graisse qui avait été chassée avec le temps par l’action des faisceaux marqueurs. La convexité des muscles de la mimique se trouve ainsi restaurée. Le patient est rajeuni localement au plus proche de l’anatomie qu’il avait jeune. Une injection de toxine botulique très ciblée est réalisée pendant l’intervention afin de prévenir la régénération musculaire du faisceau marqueur sectionné. Les nombreux travaux faits en traumatologie sportive montre que la mise au repos du muscle pendant la phase de cicatrisation empêche la récupération ultérieure.
L’intervention se fait sans hospitalisation. Elle peut être réalisée sous anesthésie locale ou sous anesthésie locale assistée en fonction du nombre de zones traitées.
Avec l’action sur les faisceaux marqueurs spécifiques du Face Recurve®, il devient donc pour la première fois effectivement possible de traiter à la fois les conséquences (peau excédentaire et affaissement) et leur cause première (faisceaux marqueurs).
Le Face Recurve® pratiqué seul, ne comprend donc pas de lifting puisqu’il n’y a pas de traitement de l’excès de peau. Mais c’est une nouvelle chirurgie du rajeunissement qui s’avère très efficace puisqu’elle permet à la fois de traiter et d’enrayer le processus du vieillissement structurel ultérieur.
Le Face Recurve® Lift cervico-facial
fig20 : Face Recurve® Lift cervico-facial =
Lift Cervico Facial
Zone bleutée = zone de décollement
Trait bleu = cicatrice
+ Face Recurve®
En jaune = les faisceaux marqueurs traités pendant l’intervention
En rouge = les sections de ces faisceaux
=> action sur le haut du sillon nasogénien, le pli d’amertume, la bajoue, les cordes cervicales
En rose = plicature horizontale du muscle PL pour traiter la glande sous-maxillaire
Le lifting cervico-facial est le lifting le plus fréquemment réalisé, il agit au niveau du cou jusqu’aux tempes. Il a pour objectif le traitement de l’affaissement et du relâchement de la peau et des muscles du visage et du cou. Lorsque le lifting cervico-facial est pratiqué selon les techniques classiques, il est moins efficace sur la zone médiane que sur les côtés latéraux du visage. Il a donc un effet assez limité et souvent pas assez stable sur le vieillissement structurel : sillon nasogénien, pli d’amertume, et cordes cervicales. Des sections musculaires et les remises en place des volumes graisseux spécifiques du Face Recurve® doivent lui être associées pendant la chirurgie pour mieux traiter les plis paramédians de la zone opérée (LAN pour le haut du sillon nasogénien, DAO pour le pli d’amertume et Platysma anterieur et Platysma Latéral pour les cordes cervicales). Lorsque le lifting cervico-facial est associé à un Face Recurve®agissant sur les plis paramédians, on parle de Face Recurve® Lift cervico-facial.
Avec le Face Recurve® Lift, on ne demande plus à la traction cutanée du lifting ou au remplissage d’effacer des séquelles dues à l’action des muscles de la mimique. La peau excédentaire est retirée et les volumes sont replacés dans le strict respect de leurs emplacements d’origine tandis que les sillons paramédians sont traités localement. On évite ainsi l’aspect tiré (peau trop tendue pour obtenir une action sur un sillon médian donc éloigné de la cicatrice) ou soufflé (remplissage excessif pour dissimuler les sillons et absorber l’excès de peau).
Pour donner un exemple, précédemment, la bajoue était traitée pendant le lifting en tirant au maximum sur la peau vers l’oreille. Or la seule traction cutanée ne pouvait résister ensuite à l’action répétée du muscle de la mimique tirant la bajoue vers le bas (faire la moue). Dorénavant grâce à une section appropriée du faisceau marqueur responsable de la bajoue (DAO), une remise en place des masses graisseuses chassées par la contraction du DAO, le lifting est limité à la stricte résection de la peau excédentaire. Le résultat sur la bajoue est plus efficace, naturel et stable.
La structure anatomique est ainsi restaurée au plus près possible de celle du sujet jeune et la section permet d’enrayer l’action préjudiciable des faisceaux marqueurs et donc de prévenir le vieillissement ultérieur.
La chirurgie s’inscrit dorénavant dans une stratégie globale de lutte contre le vieillissement. L’objectif d’un Face Recurve® Lift n’est pas de changer la forme du visage mais d’obtenir un résultat plus naturel et plus stable :
– restauration la plus proche possible de l’anatomie du sujet jeune : transpositions graisseuses (Face Recurve®) et remise en tension cutanéo-musculaire (Lifting),
– cohérence entre la restauration des structures du visage et l’amélioration cutanée obtenue par le redrappage de la peau,
– diminution des risques de nécroses : tractions cutanées limitées (grâce aux actions localisées du Face Recurve®),
– prévention du vieillissement structurel secondaire : section des faisceaux marqueurs (Face Recurve®).
Le Lifting Malaire Concentrique*
fig21 : Cicatrice 1 à 2 mm sous les cils
Lorsque la chirurgie des paupières est associée à un Face Recurve® limité à la région palpébrale, on parle de Lifting Malaire Concentrique. Il s’agit donc d’un Face Recurve® lift du centre du visage. Il faut savoir que les paupières sont une zone constituée de tissus très fins donc plus fragiles et soumise à une très forte activité. Il n’est donc pas rare de traiter le vieillissement de cette région bien avant cinquante ans, donc avant le reste du visage.
Le Lifting Malaire Concentrique permet de restaurer les structures initiales du centre du visage pour obtenir un rajeunissement harmonieux de cette région. Grâce à une cicatrice siégeant au ras des cils des paupières inférieures, le lifting malaire concentrique agit sur les paupières inférieures, le creusement de l’œil, les cernes, les pommettes et le sillon nasogénien. Il remonte les volumes concentriquement vers l’orbite donc vers leur emplacement d’origine et non pas vers le haut ou en dehors vers la tempe d’où ils ne viennent pas.
L’intervention peut être réalisée isolément sans hospitalisation (neuroleptanalgésie et quelques heures de clinique) ou en même temps qu’un Face Recurve® de la partie basse du visage (action limitée sans cicatrice visible sur le pli d’amertume, sur les bajoue et sur les cordes vocales ) ou qu’un Face Recurve® Lift cervico-facial.
Pour plus d’informations voir l’animation du lifting malaire concentrique sur la fiche paupière ou sur la fiche lifting
Quelques conséquences secondaires du concept du Face Recurve®
Si on adhère au concept du Face Recurve® , il faut logiquement :
– Arrêter les séances de gymnastique faciale pour rajeunir le visage car, au contraire, elles favorisent le processus du vieillissement. Les muscles de la mimique sont les seuls muscles striés (du mouvement contrôlé) de notre organisme à avoir une insertion osseuse et une insertion cutanée. Tous les autres muscles striés (corps et visage) ont leurs extrémités fixées sur des structures stables (os, ligament), avec une articulation entre pour permettre le mouvement. Cette spécificité est importante parce que le processus du vieillissement induit est différent selon le type d’insertion. Ainsi, pour les muscles du corps plus leur activité est maintenue tout en restant raisonnable (exercice physique), plus les structures restent fonctionnelles et « jeunes ». A l’inverse, pour les muscles de la mimique, l’activité accroît le vieillissement structurel induit.
– Eviter les fils de suspension (fils crantés, curl lift, fils russes..) qui ont pour principe de déplacer les structures souples, en haut, vers l’extérieur, soit en dehors de leur situation d’origine, avec souvent comme conséquence de plus modifier les traits que de les rajeunir. Par exemple, en remontant la pommette, ils augmentent la visibilité du creux des cernes, qu’il devient alors nécessaire de combler avec un filler. Eut égard aux risques et inconvénients du passage des fils, il paraît plus sage de s’en tenir a un filler si un changement de physionomie n’est pas souhaité.
De plus les fils de suspension figent le visage ce qui est contraire à la dynamique d’un sujet jeune. Enfin leur efficacité est souvent faible au début du vieillissement (car le problème n’est pas vraiment à ce stade-là, la chute de l’excès de peau) et malheureusement insuffisante ensuite (car il est alors nécessaire de retirer la peau excédentaire pour être vraiment efficace).
Le Face Recurve® : une stratégie globale de lutte contre le vieillissement structurel (à chaque stade son traitement)
Comme on l’a vu, le Face Recurve® a amené non seulement un véritable bouleversement dans la conception du mécanisme du vieillissement structurel du visage mais il a aussi entraîné de profondes modifications dans les possibilités thérapeutiques de lutte contre le vieillissement structurel tant chirurgicale que médicale.
Stade 0
(vers 25-30 ans) :
La toxine botulique peut être utilisée pour prévenir le raccourcissement des faisceaux musculaires marqueurs avec le temps. On injecte donc pour diminuer le tonus de repos sans diminuer la force de contraction maximum.
Toxin Recurving®
Stade 1
(en principe vers 30-35 ans) :
La toxine botulique est toujours utilisée pour agir sur le tonus de repos, mais à d’autres endroits, elle sera aussi utilisée pour limiter la force de contraction et donc pour agir sur les rides d’expression exemple la patte d’oie. Par ailleurs, on y associera le remplissage des zones creusées par la chasse des graisses pour regalber les faisceaux marqueurs au moyen d’injections profondes de produits de comblement.
Toxin Filler Recurving®
Stade 2
(en général vers 40-45 ans) :
Le Face Recurve® est proposé pour traiter le vieillissement structurel de la zone médiane (sillon nasogénien, bajoue, pli d’amertume, corde cervicale), lorsqu’il n’y a pas encore d’excès de peau vraiment installé : le visage est marqué mais la peau reste tonique. Ou en complément d’une chirurgie de lifting antérieure dont le résultat sur le vieillissement paramédian s’avère insuffisant.
Par une incision limitée, le chirurgien sectionne un ou plusieurs faisceaux marqueurs et replace dans sa place originelle la graisse qui avait été chassée avec le temps par l’action des faisceaux marqueurs. La convexité des muscles de la mimique se trouve ainsi restaurée. Le patient est rajeuni au plus proche de l’anatomie qu’il avait jeune.
Le Face Recurve® n’est pas tout à fait un lifting puisque la peau n’est pas tirée, mais c’est une nouvelle chirurgie du rajeunissement qui s’avère très intérressante puisqu’elle permet à la fois de traiter les séquelles du vieillissement structurel mais aussi d’en prévenir le processus ultérieur.
Face Recurve®
Stade 3
(le plus souvent après 50 ans) :
Lorsque le vieillissement structurel est installé, il apparaît un excès de peau induit et celui-ci est aggravé secondairement par la gravité. Les sections musculaires et les remises en place des volumes graisseux spécifiques du Face Recurve® doivent alors être associées à la résection de l’excès de peau donc au lifting.
Face Recurve® Lift
Vous trouverez de plus amples informations sur le vieillissement et les techniques de rajeunissement , sur la fiche « Rajeunissement et Anti–Age Généralités ». Vous trouverez toutes les explications sur le déroulement pratique des différents actes médico-chirurgicaux afférents au Face Recurve® (indications, alternatives thérapeutiques, risques, suites …) dans les fiches «Produits de comblement», «Toxine Botulique», «Paupières/Blépharoplastie» et « Lift – Face Recurve® Lift ».
Bibliographie
1 – LE LOUARN C. : Emploi de l’acide hyaluronique selon le concept du Face Recurve® : vacuum technique et interpores technique
Use the hyaluronic acid according to the concept Face Recurve®: vacuum technical and interpores technical
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http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17942211
2 – LE LOUARN C : Toxine botulique et Face Recurve® : action sur le tonus de repos et la régénération musculaire
Botulinum toxin and the Face Recurve® concept: decreasing resting tone and muscular regeneration
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3 – LE LOUARN C, BUTHIAU D, BUIS J. : Structural aging: the Facial Recurve concept
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4 – LE LOUARN C, BUTHIAU D, BUIS J. : The Face Recurve concept: medical and surgical applications
Aesthetic Plast Surg. 2007 May-Jun;31(3):219-31; discussion 232.
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5 – LITTLE J.W. : Structural aging: the facial recurve concept
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6 – LE LOUARN C, BUTHIAU D, BUIS J. : Rajeunissement facial et lifting malaire concentrique : le concept du FACE RECURVE®
Facial rejuvenation and concentric malar lift: the FACE RECURVE concept
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7 – LE LOUARN C, BUTHIAU D, BUIS J. : Treatment of depressor anguli oris weakening with the face recurve concept
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http://dx.doi.org/10.1016/j.asj.2006.08.001